Olga Cafiero
(In)animalis
A l’occasion de l’exposition Spécimens 24, Olga Cafiero a reçu carte blanche pour explorer les collections du Naturéum - Muséum cantonal des sciences naturelles. Partie à la rencontre des spécialistes en botanique, en géologie et en zoologie, la photographe s’inspire de leurs méthodes de recherche.
(In)animalis questionne le musée en tant que lieu qui transcende le temps et collectionne les époques. Il engendre de nombreuses projections, telles que la mémoire et le savoir accumulé. En ce sens, il devient une hétérotopie, « un lieu de tous les temps », un espace physique hébergeant l’imaginaire, selon la définition du philosophe Michel Foucault.
A travers ses photographies, Olga Cafiero capture l’accumulation perpétuelle du temps. Pour chaque série, elle travaille avec une technique particulière : ultraviolets, pellicules périmées ou modèles 3D. En portant son objectif sur les collections du Muséum, elle fait ressortir l’individualité des objets, qu’elle renforce par la diversité des techniques de tirage.
Les objets, types et spécimens photographiés sont inanimés. En travaillant avec ces naturalia inertes, elle suit une démarche similaire à celle des scientifiques dans leur exploration du monde vivant. Elle observe l’inerte pour aborder le vivant, et propose une perspective singulière sur la nature.
Au Jardin botanique, la photographe découvre l'herbier de ronces du botaniste Philippe-Jacques Müller, datant du 19e Siècle. Elle photographie cette plante dans son environnement naturel avec une chambre 4x5. Elle utilise des films négatifs et polaroïds périmés, créant des images uniques. Alors que la couleur est considérée comme un bruit pour l’observation de l’herbier, elle joue avec des lumières ultraviolettes pour imiter la vision des abeilles et bourdons, les principaux pollinisateurs des ronces.
En géologie, elle récupère des scans 3D générés dans le cadre d’un projet de numérisation de la collection de paléontologie régionale. Imprimés en 3D avec un filament réactif à la lumière, ces modèles sont photographiés sur fond noir. Par un double effet de transparence et d’échelle, elle montre la matière sous un angle impossible à obtenir avec les originaux.
En zoologie, elle manipule les images de la collection de fourmis d'Auguste Forel. Elle efface les noms des types de fourmis pour les transformer en portraits. En appliquant un filtre rouge, lumière la moins perceptible pour les fourmis, elle renforce ces portraits et invite à une nouvelle perception de ces insectes.
Enfin, plusieurs milliers d’objets sont photographiés sur fond gris, en clin d’œil aux index de sciences naturelles. Avec cette approche visuelle forte et l’animation, Olga Cafiero représente l’abondance et la richesse des collections tout en révélant certains détails.
La seconde partie de l’installation (In)animalis est à voir au Naturéum – Muséum cantonal des sciences naturelles jusqu’au 30 mars 2025.
Biographie
Olga Cafiero (1982) est une photographe suisse et italienne. Diplômée en photographie de l'ECAL (École cantonale d'art de Lausanne), elle explore les intersections entre l'art et la science, ainsi que les processus d'accumulation et de transmission du savoir. Son travail cherche à capturer la beauté et la complexité de la nature. En utilisant des langages visuels et des thématiques propres à la science, Olga Cafiero se réapproprie ces éléments pour offrir un autre regard sur le monde naturel.
Régulièrement exposé en Suisse et à l’étranger, son travail a reçu de nombreuses distinctions et prix : Foam Talent, Hyères Festival de Mode et de Photographie (finaliste), Swiss Design Award (lauréate en 2011 et sélectionnée en 2022), l’Enquête photographique Neuchâteloise (lauréate en 2020) et l’Enquête photographique vaudoise (lauréate en 2023).
Site web de l'artiste : olgacafiero.com